Après plusieurs décennies d'instabilité politique et de conflits multiformes, le peuple centrafricain, toutes tendances confondues, s’était retrouvé en mai 2015 pour sceller un véritable pacte républicain à travers ce qu’il est convenu d'appeler le « Forum de Bangui ». Les délégués à cette rencontre citoyenne avaient émis de nombreuses recommandations aux Pouvoirs publics, dont l’une des plus importantes était d'établir un Tribunal spécial en vue de lutter contre l’impunité et rendre justice aux innombrables victimes du drame centrafricain.
La Cour pénale spéciale (CPS) est donc l’émanation de cette véritable volonté populaire, arrimée à un ancrage politique qui ne s’est jamais démenti à travers le temps. En effet, alors que la loi créant la CPS avait été adoptée par le Conseil national de la transition et promulguée par la Présidente de la transition, ce sont les Autorités issues des élections de 2016 qui ont engagé la mise en place effective de cette juridiction, dont la spécificité réside dans son caractère hybride et dans sa complémentarité avec à la fois la Cour pénale internationale et les juridictions ordinaires.
Il s’agit bien d’une juridiction nationale centrafricaine, mais qui, de par sa composition et son mode de fonctionnement, capitalise au mieux les ressources humaines nationales et internationales mises à sa disposition.
C’est là toute la richesse de ce mécanisme inédit qui par ailleurs, n’a ni vocation de se substituer aux juridictions ordinaires, ni volonté de s'éterniser; mais qui en revanche, se propose d’interagir en bonne intelligence avec d’autres mécanismes envisagés par la justice transitionnelle, à savoir: le processus DDRR, la Réforme des services de sécurité, la la Commission Vérité, Justice, Réconciliation et Réparation, la Médiation politique, etc.
Et c’est ici le lieu de rappeler ce voeux cher au législateur centrafricain de voir la CPS, par son dynamisme et son rayonnement, léguer au système judiciaire domestique un héritage en termes de respect des standards des droits humains et de bonnes pratiques.
Puissent les animateurs présents et à venir de cette juridiction se montrer à la hauteur de cette mission à la fois noble et historique.